1 mars 2012


En ce temps présent, je viens de me décider à vendre la maison que j'habite depuis près de 40 ans, pour la quitter et qu'elle rejoigne mon passé dont elle fera un long chapitre. Les différentes maisons habitées sont importantes dans l'histoire d'une vie. Quitter une maison, c'est une séparation, une rupture qui ne se fait pas sans chagrin, même si le désir de changement est là.
Je sais que ce qui est révolu est mort à jamais. Je ne reviens jamais vers les choses du passé, qui gisent dans une mémoire grenier reléguées dans un lointain inaccessible. Mais bizarrement c'est le passé qui revient sans cesse vers nous, en souvenirs soudains qui lui redonnent vie avec une acuité telle qu'on se sent tout ébranlé.
C'est ainsi que je situe mon enfance loin, si loin, dans un autre monde, un monde perdu dans le pays des légendes.
J'ai fait tellement de chemin, vécu tellement de situations, rencontré tant de personnes, tant de pays lointains que si je pense à mon passé il se situe dans les mondes disparus, comme l'Egypte ancienne ou autres royaumes perdus. Je l'ai abandonné au royaume des morts.
Et pourtant, un premier jour de printemps comme aujourd'hui, une sortie dans le jardin, la vue des premières violettes ou des pensées qui, plantées à l'automne et gelées par l'hiver, commencent à se redresser et à fleurir de nouvelles têtes, et me voilà transportée plus de 60 ans en arrière dans les bois qu'entouraient mon village, en compagnie de Monique ma meilleure amie. Ce sont les vacances de Pâques, nous nous promenons les pas allègres et le sourire aux lèvres quand soudain Monique pointe son doigt vers un peu plus loin sur le bord du chemin : une branche d'aubépine fleurie.
Je ressens encore aujourd'hui dans mon corps toute cette émotion du plaisir partagé de la beauté de ces fleurs délicates se détachant sur le ciel bleu. La vie est palpitante et nous met en perspective une voie longue dont je suis aujourd'hui plutôt près de la fin. Je me retourne et en un instant il ne reste plus que la présence de ces deux fillettes dans un chemin printanier, séduites par la beauté des fleurs.
Janine      
Van Gogh

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