Et mon âme où est-elle sous ce fatras de pensées envahissantes ?
Mon âme se penche vers un souvenir, le souvenir d'un passé lointain et encore proche, se penche vers les yeux pervenche dont le regard m'a quittée récemment pour l'éternité, les yeux bleu pervenche de mon chat Osiris qui portait le nom du Dieu noir égyptien, lui à la fourrure toute blanche, si douce sous les caresses de mes mains.
Je savais qu'il allait mourir et lui semblait le savoir aussi, qui me fixait d'un regard interrogatif tout en miaulant faiblement. Au fil des derniers jours, le bleu soutenu de ses yeux pâlissait et devenait d'un blanc grisâtre et terne. Le pétillant de la vie l'abandonnait.
J'aurais voulu le retenir encore quelques jours tout en souhaitant au plus profond de moi que l'agonie s'achève au plus vite.
Nous avons vécu seize ans côte à côte. Je regrette mes impatiences parfois à son égard quand il me réclamait avec insistance à manger ou d'être câliné alors que j'avais d'autres choses à faire. Son ombre rode dans la maison avec beaucoup de présence et j'ai du mal à accepter que je ne le reverrai plus.
Il repose entre les bras des racines d'un figuier, enterré sous un tas de cendres, de galets et de terre où j'ai planté un pied de muguet et deux autres plantes fleurissant blanches. Le tapis de sa tombe me rappellera sa blancheur. J'ai étendu des fleurs de jasmin entre mes trois plantations et chaque matin je vais me recueillir dans cet endroit du jardin.
Georges Braque
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