25 mai 2013


Le regard – dialectique de l'œil gauche et de l'œil droit.

La paupière lourdement frangée s'abaisse sur l'œil gauche entraînant une descente de sa pupille, objectif ouvert essayant de capter le chemin jusqu'au premier carrefour rencontré puis la chute rapide dans un tunnel menant dans une large caverne mouvante, siège d'un brassage torrentueux infernal où mon pauvre œil affolé prend tout repère et se laisse ballotter dans ces flots impétueux qui l'entraînent vers un passage débouchant dans un véritable labyrinthe sombre dont les boyaux sont tapissés d'un magma limoneux, terre noire de transformation où s'opère la combustion des éléments nutritifs et conflictuels que sont nos désirs, nos passions, nos aspirations. La digestion est parfois difficile, générant des inquiétudes, des angoisses, des ouvertures sur des mondes sombres, parfois plus facile débouchant sur des espaces nouveaux et libérateurs, permettant une diffusion fluide dans tous les espaces corporels.
Une remontée vers le haut au carrefour premier offre à mon œil gauche la possibilité de s'engager dans un autre chemin plus respirant, plus aérien, un monde de souffles plus ou moins amples, communiquant avec une circulation intérieure porteuse d'information nouvelle, nourricière du labyrinthe où travaille la matière première.
Pendant ce temps, la paupière droite s'est relevée totalement, permettant à l'œil droit grand ouvert de scruter l'environnement extérieur en utilisant son grand angle et son téléobjectif pour savourer au maximum les moindres parcelles de beauté singulière du paysage terrestre et des cieux.
Puis fermer les deux yeux en même temps et les rouvrir dans un mouvement recueilli et sentir le point s'établir entre les deux visées, toutes deux réceptives et explorantes à leur manière, l'osmose se faire pour une vision globale et sereine, celle d'un troisième œil ?



Picasso  femme nue au bonnet turc 1955


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