Plongée dans le monde du silence
le vide plein de l'océan primordial
la nuit noire de l'absence
Une pierre est là dans cet abîme, une sécrétion, la mise au secret, la gardienne de l'Être.
Elle attend un souffle, le surgissement d'une onde, de la vibration qui enclenchera le processus de sa révélation.
A sa surface, déjà se sont figés les premiers sons, les premières paroles émises par le souffle créateur, de délicats dessins qui parlent de choses simples : une femme au bord de l'eau, un bâton à la main surveillant le glissement d'un canard, derrière elle un serpent se dresse en s'éloignant d'une fleur déjà bien épanouie.
Dans le ciel, le soleil chapeauté d'un petit nuage fait un signe, bulle qui s'éloigne.
La vie est là encore bien figée, étreinte dans la pierre qui la recèle et résiste à la libérer, cela se fera très progressivement car il s'agit de s'arracher à la matière pour la faire vivre en de multiples créatures qui fertiliseront ce vaste océan.
Je rêve à une fin de cette aventure qui pourrait aboutir à la contemplation d'une pierre cristalline rayonnant de tout son éclat transparent, délivrée de toute son opacité transformée en offrande au monde vivant.




Hélène Duclos