Un désert sans limites
du sable blanc qui s'envole en nuages poudreux sous l'impulsion du vent. Le vent qui murmure, qui chante, qui vrombit selon les moments et qui fait se lever un immense remue-ménage, chaos fou, désir de s'élancer, de remplir l'espace de toute éternité
chaos uniformité
chaos encore assourdissant où affleure en sourdine quelque part un goutte à goutte de source
petite cascade de fraîcheur alimentant un désir de devenir
singulier extrait de ce magma multiforme et sans forme
pour commencer à peupler ce désert d'élans scintillants et subtils, de vibrations fécondantes, de fleurs colorées et odorantes nouritures d'insectes lentement très doucement se regroupant en nuages alertes dispersés par des oiseaux affamés
un désert humide deviendra la mer, chaos fluidique avec ses poissons et ses serpents.

J'ai descendu dans mon désert pour y cueillir ma liberté
vide apparent faux-semblant
une multitude de grains de sable
tapis mouvant imperceptiblement
grains agités d'un mouvement brownien sous l'emprise du souffle qu'habite ma présence, grains de poussière, germes improbables du vivant qui demande à naître du néant.
Grains de matière en mal d'être et de vie pour ne pas mourir ensevelis dans ce linceul tout blanc de l'infini silence du dedans.
Le souffle donne vie à la matière qu'il met en mouvement doucement ou violemment au rythme de ses vents incertains et sauvages
Les vagues du désert appellent les vagues de la mer et leur rencontre au fond des océans génère la vie inconsciemment.
Le souffle est près de s'y noyer
un appel d'air est nécessaire
sauve qui peut hors de l'eau sur la plage le petit crabe de la conscience est né. Que de chemin à parcourir entre cette étoile de mer et l'étoile qui brille au firmament.
Dans l'espace infini du désert un grain de sable se lève en mal de vie. Un appel au vent qui le soulevant l'entraîne dans une danse tourbillonnate enivrante qui l'évade à jamais de l'uniformité mortifère.
Exilé de la matière infinie le voilà propulsé dans l'éther enivrant. Que va-t-il devenir dans cet état d'ivresse ?
Il faut bien redescendre sur terre et retrouver les compagnons grains de sable pour les inviter à la folie. Une nuée de grains de sable entre ciel et terre.

Kandinsky